L’apprentissage a été rude, mais la famille Beaumanoir a fait de leur fils une priorité. Malheureusement pour sa sœur, elle a dû vivre dans son ombre. On l’affichait partout, l’héritier et de se retrouver dans la lumière lui convenait. Son quotidien consistait à façonner des sourires toujours plus enjôleurs pour gagner le cœur de chacun, mais la comtesse d’Alsace savait que son fils ne faisait que prétendre. Il détestait sa condition d’hybride. Il prétendait qu’on finirait par le brûler sur le bûcher et qu’il ne régnerait jamais, car la moindre erreur lui serait fatale. Mais perfectionniste au possible, le jeune garçon mit un point d’honneur à ne pas en faire, ou du moment, qu’elles ne soient pas préjudiciables. C’était sans compter un autre paramètre que sa condition de vélan lui empêchait de contrôler. Arrivé à Beauxbâtons, l’enfant était sur de ses forces, de ses talents et surtout de sa noblesse. Très rapidement, il se fit un bon nombre d’amis à l’arrivée, notamment chez les nobles il fallait dire, très attaché à ses privilèges. Se moquant ça et là de certains élèves, il jouait de ses charmes pour s’entourer, pour travailler sa couverture, lançant des regards perçants à sa sœur qui attendait sagement que la répartition prenne fin pour retourner à son dortoir et qui ne lui accorda aucun regard. On appela une jeune fille à la fontaine : « Lana Escoffier. » Beaucoup murmurèrent sur son passage, mais les yeux du jeune Beaumanoir ne la quittèrent pas une seule seconde. C’était comme si le temps s’était arrêté tandis que son cœur lui s’était emballé. Plus rien n’avait d’importance, sauf elle. Jamais il n’avait ressenti une telle chose, c’était comme si tout l’attirait à elle, et jusqu’à présent assis à la table de son écrin, il s’était brusquement levé avant de se rendre compte de sa bévue et de se rasseoir en rougissant légèrement. Lana Escoffier. Ce nom lui restait en tête. Et tout son être l’attirait irrémédiablement comme un aimant. Il pouvait sentir son parfum même à une telle distance, et il était incapable de se sortir la jeune femme de la tête. L’énergumène assis à côté de lui le regarda d’un drôle d’air. « Qu’est-ce qu’il t’a pris, idiot ?! » Le jeune Nicolas reprit ses esprits. Escoffier, ça lui revenait. Trouvant une porte de sortie, il déclara : « C’est une évincée. Les Escoffier ont été déchus de leurs titres. C’est pire que d’être Cracmol ! » L’autre ricana et en fit part à sa table avant que la jeune femme ne recoive ne soit affectée à un écrin. C’était moins une pour Nicolas. Mais une fois de plus, il ne laisserait pas le vélan qui sommeillait en lui, lui dicter sa conduite.

Depuis ce jour, son destin et celui de Lana ont été étroitement liés. Les deux jeunes se sont toujours voué une guerre sans merci, dans laquelle tous les coups étaient permis. Ils ne se supportent pas, depuis le début. Ils ne l’expliquent pas, ils se contentent de se tirer dans les pattes. Pour le jeune Beaumanoir c’est différent. Nicolas, lorsqu’il se bât contre Lana, il se bât contre lui-même. Parce qu’il l’aime autant que ce qu’il adore la détester et que ses sentiments plus mielleux à son égard le répugnent. Le plus drôle dans cette histoire, c’est qu’ils ne font que se suivre. Ils ont entrepris le même cursus de maitrise de la magie et s’affrontent en plus en Quidditch. Destinés à voir leurs chemins se rencontrer.

C’est justement lors d’un match de Quidditch que son équipe gagnait que cette relation surprenante aurait pu prendre des conséquences dramatiques. Alors qu’une tempête faisait rage, les deux équipes étaient aux coudes à coudes, et Nicolas, attrapeur de son équipe volait parmi les nuages pour se dissimuler un maximum et éviter les cognards, il suivait du regard l’autre attrapeur comme les alentours. Un cognard sortit soudainement de la brume épaisse et le jeune Beaumanoir fit une pirouette pour l’éviter, reportant alors son regard sur la partie en descendant plus bas pour se tenir au courant. Et puis, il vit briller un petit éclat infime proche des buts adverses. Les yeux rivés dessus, il réfléchit quelques secondes avant de se dire qu’il était plus rapide que son adversaire et qu’il pourrait l’avoir avant lui et plongea en piqué dans la direction opposée pour l’induire en erreur. L’autre le suivit soudainement et au moment où il arrivait sur lui, Nicolas changea brutalement de direction pour foncer vers les buts adverses jusqu’à ce que ses yeux quittent le vif d’or pour la gardienne de l’équipe adverse. Lana. Lana, et ses cheveux bruns ébène. Son sourire ravageur, son parfum exquis, sa façon de râler après lui, sa silhouette digne des plus belles nymphes des temps modernes… Merde. Ca recommençait. Il ne pouvait plus se détacher d’elle, elle l’appelait irrémédiablement, si bien qu’il avait perdu le vif d’or de vue. Si ça continuait, ils allaient perdre la partie. Secouant la tête, il tenta de reprendre ses esprits en changeant de direction une fois de plus, longeant les limites du terrain par l’arrière. Il fallait qu’elle cesse de lui embrouiller l’esprit, de le perturber de la sorte, et il n’y avait qu’un moyen. Nicolas fonça droit sur elle et la bouscula volontairement de la main pour la déséquilibrer avant de redresser son balai de justesse pour éviter une des tribunes. Le vif d’or avait disparu, mais au moins les buts étaient vides. C’est ce qu’il voulut s’assurer en regardant mais tout se passa très vite. Qu’est-ce qu’il avait fait ? Elle risquait de se briser le cou. Elle, qu’il aimait malgré lui. Son ventre se noua. Si elle y passait, il ne serait plus rien. Il ne voudrait plus rester ici à vieillir dans un monde où elle n’était plus. Lana. Sortant sa baguette de sa cape, il jette un sort qui tapa directement le souafle qu’un joueur possédait et qui l’entraina dans une chute rapide directement sous les poteaux où Lana tomba à son tour, sa chute amortie. On arrêta le match peu de temps après. Les joueurs s’attroupent auprès des pauvres malheureux. Le plus amoché est un membre de son équipe, qui a évidemment amorti la chute de Lana. Difficile pour Nicolas d’apparaitre contrarié pour son coéquipier, il est bien plus inquiet pour Lana, mais heureusement personne ne s’intéresse à lui à ce moment-même. Il espère que personne ne l’a vu en tout cas. Plus tard dans la soirée, il passe à l’infirmerie, pour prendre des nouvelles. Lana dort encore. De loin, il l’observe. Il ne sait pas ce qu’il devrait faire, mais une fois de plus tous ses sens sont en émoi à proximité d’elle, et il ne le supporte pas. Il quitte la pièce laissant une boite de chocogrenouilles sur la table de nuit à côté de son coéquipier avant de tourner les talons.