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Vers les étoiles, à travers les difficultés
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Gwendoline Beauregard
Gwendoline Beauregard
❝ HIBOUX : 130
❝ AUTRES VISAGES : (luka); fiche, malle, instagram
❝ CÔTE DE POPULARITE : 3010
❝ MIROIR : Teresa Oman
❝ CREDITS : (av) shiya; (sign) tully
❝ DIALOGUES : coral
❝ ÂGE : 20 ans
❝ STATUT SOCIAL : Roturière
❝ OCCUPATION : Etudiante améthysse en 5e année, cursus social et politique, membre du club de duels et serveuse au Gai Mandragot

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She wasnt exactly sure when it happened. Or even when it started. All she knew for sure was that right here and now, she was falling hard and she could only pray that he was feeling the same way. Gwendoline & Aulne


Une fois les cours finis, je me dirige non pas vers mon QG -aka la pièce qui me sert d'atelier- mais vers mes appartements. Je n'ai pas d'inspiration en ce moment, et j'en deviens intenable. J'essaye de lire, de regarder des photos de voyages sur Instagram, de jouer au foot pour m'aérer la tête, mais rien n'y fait, c'est la panne sèche. L'angoisse de la page blanche, sauf que moi, c'est une toile. Je sais bien que ce n'est qu'une passion, mais c'est très frustrant de ne trouver aucun moyen de s'exprimer. C'est même éreintant. Et oui, même Gwendoline Beauregard peut être fatiguée par moments. Ça arrive pas souvent, mais quand ça arrive, c'est la panique dans mon entourage, tout le monde pense que j'ai le palu ou la fièvre jaune ou que sais-je. Pourtant, c'est normal, c'est humain d'être fatigué. Du coup, je vais me prendre une pause bien méritée avant d'aller dîner, histoire de décompresser un peu. Je sens mon portable vibrer. Poussant un grognement tout à fait élégant, je rajuste la lanière de ma besace sur mon épaule, glisse mon livre dedans, et en sors mon téléphone.

AGATHE - T'es pas dans ton atelier?
GWEN - Nope, je suis trop fatiguée.
AGATHE -  Y a quelque chose qui va pas? Tu veux que je vienne?
GWEN - Non, tout va bien tkt, je suis juste-


D'un coup, je percute quelqu'un de plein fouet. Par réflexe, sûrement, la personne agrippe mes bras pour m'empêcher de tomber à la renverse. Heureusement, parce que sinon, j'aurais fini les fesses par terre. Je me remets d'aplomb et laisse échapper un petit rire en lissant les plis de ma jupe bleu ciel. « Je suis désolée, je regardais pas où j'allais, je- » J'ai relevé la tête vers « l'inconnu » pour le gratifier d'un sourire et le remercier, mais le regard qui rencontre le mien me piège. Je me sens comme une biche prise dans les fards d'une voiture. Il n'y a pas d'échappatoire possible. Cette fois, je ne peux pas fuir avec Agathe, je ne peux pas faire semblant de ne pas l'avoir vu, je ne peux pas lui faire un simple signe de tête et continuer mon chemin comme si de rien n'était, comme je fais d'ordinaire, comme si on n'avait pas été meilleurs amis pendant des années, comme si je ne l'avais pas soudainement évité sans raison valable au début de l'année scolaire. Pourtant, Merlin sait qu'il y en a une de raison derrière cette distance soudaine que je lui ai imposée. Je vois bien qu'il ne comprend pas, que ça le tue de ne pas savoir, et moi aussi, ça me tue. Ça me tue de passer mon temps loin de lui, de l'observer de loin, dans l'ombre. Ça me tue de lui faire ça à lui, juste parce que j'ai peur qu'il me fasse mal, qu'il me fasse souffrir comme j'ai souffert il y a trois ans. Tout ce que je fais, ce n'est qu'un instinct de survie.

Pourtant, mon instinct de survie explose en des milliards de morceaux sous son regard si familier. Je me sens fondre comme neige au soleil. J'oublie complètement pourquoi je l'évite depuis si longtemps. J'oublie que c'est parce que j'ai des sentiments pour lui -des sentiments plus forts que de l'amitié. J'oublie que ces sentiments qui me paraissent si doux m'ont déjà détruite par le passé. J'oublie que je n'ai pas le droit de ressentir ça envers lui, que ça peut me détruire moi, le détruire lui, et détruire notre amitié. Je veux juste de nouveau me blottir contre lui, sentir ses doigts qui jouent avec mes cheveux, entendre son rire. Je veux retrouver mon meilleur ami. « Aulne. » Son prénom sonne comme une excuse. Je suis submergée de regrets et de remords. Je m'en veux. Le revoir rouvre le trou béant que son absence a laissée dans ma poitrine. Il m'a manqué. Je sens quelque chose se briser en moi, laissant libre cours à mes émotions qui, comme à leur habitude, me contrôlent plus que je ne les contrôle. Les larmes au bord des yeux, j'ai toutes les peines du monde à ne pas me précipiter dans ses bras. Mais il ne faut pas. Je ne dois pas. Je sais qu'il va me réclamer des explications, mais je ne suis pas prête. Je ne peux pas lui dire tout ce que j'ai sur le cœur. Le problème, c'est qu'il me connaît trop bien. Il lira en moi comme dans un livre ouvert. Je ne pourrai rien lui cacher, je ne pourrai pas lui mentir. Et ça m'effraie plus que je n'oserais l'imaginer.
(c) crackle bones

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Aulne Ombredame
Aulne Ombredame
❝ HIBOUX : 87
❝ CÔTE DE POPULARITE : 2976
❝ MIROIR : jack/finn harries.
❝ CREDITS : big jet lane (avatar).
❝ DIALOGUES : cadetblue
❝ ÂGE : dix-neuf ans.
❝ STATUT SOCIAL : fils benjamin de la duchesse du val de loire.
❝ OCCUPATION : cinquième année, clubs de musique et de duels.

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all four walls are falling down

Ennui.

Désœuvrement, solide apathie – Aulne ne porte pas attention à son professeur.

Plongé dans une sordide réflexion aux allures et contours révolutionnaires, songeant à la beauté du gradué appréciant toute la substance libertine d’une journée gaspillée, il griffonne, écrit, barbouille, déchaînant sa plume sur son parchemin – tout pour éviter de sombrer. Aulne compte les minutes. Aulne compte les secondes. Aulne observe l’horloge, l’analyse, se questionne sur ses chances de demeurer éveillé. Trois minutes. Il se rassure, se conforte – aujourd’hui, il allait vaincre la voix soporifique des enseignants une nouvelle fois. Une petite victoire qui se prend bien.

Sur sa chaise, dans une classe de Beauxbâtons, il vagabonde, se remémorant des expériences vécues. La Californie. La chaleur du Congo, l’étouffante tiédeur, la sueur… Il cligne des yeux. La sueur, elle, est bien réelle. Son front perle – il l’éponge d’un mouvement preste. Sous sa veste, il sent sa chemise humide aux aisselles. Il se maudit – ça lui apprendra, jouer au foot sur l’heure du dîner, sans ensuite aller se doucher ou même se changer; ça lui apprendra, s’habiller comme en avril lorsque les chaleurs d’été sont arrivées. Il cesse d’y penser, regardant de nouveau l’horloge. Une minute. Il laisse ses yeux se promener, détaillant ses camarades. Il n’est pas le seul à rêvasser; rares sont ceux qui vont jusqu’à feindre l’intérêt pour la matière dictée. Il commence à ranger son matériel – discrètement, silencieusement, afin de s’éviter les foudres inutiles d’une adulte désabusée. Cinq secondes. Trois, deux, un

La cloche sonne – Aulne est libre.  

La première chose qu’il fait, lorsqu’il quitte la salle, ses effets rangés dans un sac approprié, c’est enlever sa veste – au diable, le protocole du mieux-mis; au diable, souffrir d’une canicule aisément évitable. Il regarde son cellulaire : deux-trois texto. Rien d’important, rien de majeur, rien de pressant – il peut continuer son bonhomme de chemin. Saluant des camarades, il vérifie l’invisibilité de son inconfort – une petite renifle, un petit coup d’œil : rien n’est perceptible. Il ne put pas, que les gradins se rassurent, le déodorant tient bon. Le drame de la journée vient d’être évité, le tout étant fait rapidement, avec subtilité – « un Ombredame n’est jamais disgracieux devant autrui » : une sérénade épuisante, méprisée, pourtant mémorisée.  Il roule ses manches, les règlements le lui permettant, et se met en route : direction les douches, avec escale à son appartement.

Il croise des amis, des copains et copines – il entend ses frères et sœurs d’écrin s’époumoner au loin; il se sait de retour dans ses quartiers. Il accélère le pas, refuse de modérer son allure; à quoi bon, mieux vaut se dépêcher. À ceux qui le saluent, tentent de l’aborder, il sourit, échange une ou deux plaisanteries et fait signe de remettre la chose à plus tard, car il a rendez-vous avec la propreté et rien, rien, pas même la mère-furie, ne saurait l’en distancer. À trop réfléchir à sa future délivrance, à son prochain soulagement, à la béatitude qui accompagne le repos procuré par le corps chaudement arrosé, il perd ses repères – il porte moins attention à ses alentours. Il n’a qu’à tourner au prochain coin et–

Il percute quelqu’un, quelque chose.

Trois pensées se bousculent dans son esprit, alors qu’Aulne retient les bras de la personne, de la demoiselle, pour l’empêcher d’aller valser avec le plancher. Primo, il espère qu’elle n’est pas blessée. Secundo, fallait-il vraiment que ça lui arrive alors qu’il est pressé, ou du moins, s’est convaincu de l’être ? Et, finalement, tertio, heureusement qu’il s’était assuré de sa propreté relative un peu plus tôt; ses bases étaient couvertes (et merde à ceux qui le traiteront de vaniteux). Il la libère une fois équilibrée et lève les yeux. Surprise. Choc. Il laisse s’échapper un petit « oh », et garde en sourdine un puissant « putain ». Dès qu’il aperçoit son visage, il la reconnaît. Gwendoline.

Immédiatement, un inferno danse au cœur de ses prunelles.

Une succession rapide d’émotions, de flammes vivaces et furieuses qui le consument. Colère, amertume – la réaction usuelle de l’ami rejeté. Joie, soulagement – celle de l’ami qui n’a pas renoncé à leur relation. Désabusement, désillusion – celle de celui qui la voit déjà s’enfuir rejoindre sa nouvelle meilleure pote. « Je suis désolée, je regardais pas où j'allais, je- » Elle réalise et s’arrête dans sa lancée, alors qu’une tornade contradictoire fait toujours rage sous son crâne. Une tornade violente. Une tornade fielleuse, dans laquelle la bile prédomine. Il veut hurler. Il veut crier. Il veut l’admonester, la rejeter, la snober – lui faire subir le même traitement qu’il s’imaginait avoir reçu. La cruauté le tente, sinistre, envahissante. Il veut être méchant, witty. Mais… Des larmes perlent sur le bord de ses yeux. Perlent… Perle… Note à lui-même : ne pas oublier d’aller acheter des perles pour l’anniversaire de sa génitrice.

L’interlude brise son envoûtement, la spirale atrabilaire dans laquelle il allait s’enfoncer.

La voir le fixer le pousse à la fixer. La voir trembler le pousse à trembler. Il hésite. Il sent le besoin de la réconforter, mais se l’interdit – point de faiblesse. Il sent le besoin de s’enfuir, d’éviter le conflit, mais se l’interdit – point de faiblesse. Aulne veut la confronter. Il veut lui parler. Il veut l’entendre rire, à nouveau la côtoyer – mais il ne sait par où commencer. Il ignore quoi dire, quoi faire et ne pas faire – il ignore si le sentiment est réciproque, ou si, comme dans ses craintes, elle le méprise. Il entend son nom, mais son mutisme perdure. Il veut lui parler, mais ne réussit à énoncer qu’un faible, risible, « Gwen » en retour – une déclaration factuelle, froide, hésitante. Aulne se donne à lui-même l’impression de n’être qu’un puceau faisant face à sa première expérience. Que pouvait-il bien dire à une fille qu’il voyait jadis comme sa meilleure amie, sa partenaire de plaisanteries, après un an à être ignoré par celle-ci ? Après avoir été remplacé, écarté ?  

Il se mordille la lèvre inférieure et tente le sourire innocent – Aulne ne sait quoi dire pour continuer. En lui rentrant dedans, la roturière avait bouché le plus volubile des Ombredame.
(c) AMIANTE
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Gwendoline Beauregard
Gwendoline Beauregard
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She wasn't exactly sure when it happened. Or even when it started. All she knew for sure was that right here and now, she was falling hard and she could only pray that he was feeling the same way. Gwendoline & Aulne


Les yeux plongés dans les siens, j'observe les différentes émotions qui se peignent sur son visage. La colère, la rancœur, l'espoir, aussi vite éteint par une sombre résignation. À chaque changement d'expression, mon cœur se brise un peu plus. Je me dégoûte, d'un coup, d'avoir pu lui faire ça alors que je tiens à lui bien plus que je ne tiens à moi, à ma santé mentale, et à mon cœur. Je ne savais pas que j'allais lui faire autant de mal. Enfin, si, je le savais, mais je ne pensais pas que ce serait aussi violent, aussi fort, qu'il le supporterait aussi mal. Je ne pensais pas qu'après tout ce temps, il puisse encore être affecté par ma distance et ma froideur. Je ne pensais pas qu'il tenait autant à moi. Dans un coin égoïste de mon esprit, un coin très lointain, très éloigné, profondément enfoui, ça me rassure. Il ne m'a pas oubliée, j'ai encore de l'importance pour lui. Reste à savoir ce que je préfère entre sauver les meubles et notre amitié, ou jouer la carte de l'honnêteté et risquer de le perdre à nouveau. Sauf que la décision n'est en fait pas la mienne. Je suis bien incapable de mentir, encore moins aux gens qui me sont proches. Une fois qu'on me connaît, on peut déchiffrer n'importe laquelle des infimes émotions qui s'affichent sur mon visage. De toute manière, je n'ai pas d'excuse valable pour l'avoir évité à ce point, si ce n'est la vraie raison. Peut-être qu'au fond, il peut comprendre. Après tout, c'est vers lui que je me suis tournée il y a trois ans quand je me suis fait sauvagement briser le cœur. Il sait à quel point ça a été dur de me reconstruire, et combien j'ai du mal à m'ouvrir de nouveau à l'amour. Il ne dit rien, il reste planté là, les yeux dans les miens, sans savoir trop quoi faire, mais je sais ce qu'il pense. Je le connais trop bien. Je sais qu'en fait, il ne veut pas m'affronter, il ne veut pas se fâcher, mais il meurt d'envie de faire les deux. Il veut des réponses, ça se voit dans son regard, et ça me fait mourir à petit feu, parce que je n'ai aucune idée de la façon dont il va réagir quand je vais les lui donner.

Et puis, après quelques secondes de mutisme, il laisse échapper un « Gwen », comme pour montrer qu'il m'a reconnue, comme pour me renvoyer ma balle en pleine face. J'ai un mouvement de recul. Son ton est froid, presque railleur, presque blessé. Ce simple mot me transperce le cœur, me laissant suffocante, tremblante, profondément blessée et perdue. Lui aussi a l'air perdu. Ça me fait perdre pied. Mais qu'est-ce que j'ai fait, par Viviane? Est-ce que j'ai vraiment tout foutu en l'air par pur manque de confiance en moi, en lui? Mon regard parcourt les traits de son visage, cherchant quelque chose qui aurait changé, qui montrerait que ce n'est plus Aulne, mon Aulne, et que je peux m'en aller tranquillement sans avoir peur de le blesser, ni lui, ni moi. Mais c'est bien lui. Le même qu'il y a un an, avant qu'il ne parte pour le Congo, avant que je ne réalise qu'il était plus qu'un simple ami, avant que je ne le fuie. Il m'a manqué, beaucoup trop. Je n'ai plus la force de lutter pour essayer de me sauver, de sauver mon cœur qui a déjà trop souffert. J'en ai marre de faire le funambule au bord du précipice en pensant que le fil sauvera ma vie, alors qu'en fait, c'est la chute, le plongeon dans le vide, qui est salvatrice. Je ne veux plus me mentir, je veux me blottir dans ses bras, lui donner mon cœur et mon âme et Merlin pour ce que j'en ai à faire, et me ficher de ce qu'il en fera. Mais c'est trop dur. Je n'ai pas le courage de traverser cette épreuve une nouvelle fois, encore moins si je souffre aux mains de mon meilleur ami. Je ne m'en remettrai pas. Tiraillée entre mes sentiments contradictoires, je le regarde se mordre la lèvre inférieure et tenter un sourire en coin, un sourire que je connais si bien et que je n'ai pas vu depuis de nombreux mois. De trop nombreux mois.

Toutes mes résolutions s'effondrent. Je craque. Je suis bien trop émotive, et ces émotions, je les ai gardées en moi pendant presque une année, pendant trop longtemps. Elles me submergent, un véritable raz-de-marée sur lequel je n'ai aucun contrôle. J'ai envie de pleurer comme un bébé. C'est ridicule. « Je... Je suis tellement désolée. » C'est sorti pas plus fort qu'un murmure, parce que, si ça avait été le cas, ma voix se serait très certainement brisée. Lui comme moi savons que je ne parle pas de l'accident d'il y a quelques secondes. Ce simple choc qui a fait entrer nos deux mondes en collision. Je sens une larme couler, et bientôt, c'est tout un torrent qui dévale mes joues. Elles s'accompagnent d'un flot de paroles sans queue ni tête. « Je n'aurais jamais dû te faire ça, je sais, mais je n'avais pas le choix, je ne pouvais pas, tu comprends? Non, tu comprends pas, je raconte n'importe quoi, mais j'en peux plus. J'en peux plus de te voir loin de moi, j'en peux plus de savoir que je t'ai blessé. J'ai pas envie de perdre ton amitié, parce que t'es le meilleur ami dont on puisse rêver, et tu me fais voyager avec toi, tu me fais rire, tu crois en moi, et avec Agathe, c'est pas pareil, c'est une fille, et jamais personne ne te remplacera dans mon cœur et... Je suis tellement, tellement désolée. » Perdue, bouleversée, je me raccroche à son regard vert d'eau. Je n'ose même pas imaginer l'état dans lequel je suis actuellement. Le visage ravagé par les larmes, les cheveux en bataille, l'uniforme froissé. Je suis un véritable chaos émotionnel. « J'ai besoin de toi, Aulne. Tu me manques. Pardonne-moi. »
(c) crackle bones

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Aulne Ombredame
Aulne Ombredame
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Dérapage.

Son faible sourire se fige, s’efface.

Une ombre, un mirage – la tentative de joie, de plaisanterie, est avortée, alors que le complexe du moment est consommé. Confronté à l’évasive qui des minutes plus tôt lui échappait encore, Aulne est plongé dans un mutisme, une hésitation; se réjouir, ou s’emporter, déchirer les derniers lambeaux du lien qu’ils entretenaient ? Pitié, remords – remords pourquoi, il se le demande bien – et cendres s’accouplent, délaissant dans leur sillage les charbons de l’indécision. Elle pleure, et son cœur fond. Elle pleure, et son cœur se durcit. Il voit la souffrance dans ses prunelles – le regret, le chagrin, la lamentation d’une vulnérable. Il voit la désolation dans ses prunelles – la nostalgie, la plainte de celle qui a perdu. Sans le vouloir, il plisse ses yeux, extériorisant son questionnement.

Troublé, mystifié, déconcerté… Aulne ne sait quoi penser, quoi faire, quoi dire.

Si on l’avait prévenu qu’il allait la croiser, probablement qu’il aurait emprunté un autre chemin – enfin, non. Peut-être pas. Il ne sait pas. Il ne sait pas, et ça le tue. Il ne sait pas ce qu’elle veut. Il ne sait pas ce qu’il veut. Il ne sait pas qui elle est, qui il est – sont-ils toujours les mêmes qu’avant ? Aulne ne sait pas, et ça le tue. Leur dynamique, s’ils lui en donnent la chance, peut-elle être sauvée ? Leur amitié, leur complicité, restaurée ? Son cœur bat d’assentiment, mais son cerveau s’enfonce dans une sombre négation. Trop tard, ses neurones scandent. Oui, le vermeille argumente. Déchiré, éraflé, il se rend compte être blessé. Pas physiquement – non. Mentalement, émotionnellement, blessé. Quatre ans d’amitié ininterrompue. Quatre ans de support, de rires, de confidences. Quatre ans jetées aux ordures, méprisées, abandonnées et pendues au soleil pour l’amusement des manants. Il l’entend s’excuser – il l’entend sangloter. Mais ses yeux, eux, ne voient que ses pupilles, qui lui parlent. Mais, Aulne est blessé – et l’animal aculé est dangereux camarade de tristesse.  

Il se sent abandonné – non, se sait abandonné. Un an, une année scolaire complète, à tenter de l’approcher. Un an, une année scolaire complète, à tenter de lui parler. Ses refus, ses évitements, ses duperies, sont comme des dagues omniprésentes qui lui déchirent les entrailles. Il cherche sa colère, la furie héritée d’autrui – en vain. Ses résolutions se liquéfient, ses exclamations se dissipent, toute son fiel s’enfuit lorsqu’il contemple la faiblesse de celle qu’il jadis aidait à s’affirmer. « Je n'aurais jamais dû te faire ça, je sais, mais je n'avais pas le choix, je ne pouvais pas, tu comprends ?  » Non, il ne comprend pas – parce qu’elle n’explique pas. Elle déblatère, elle s’enfarge – tout pour ne pas expliquer. Elle renifle, elle larmoie – tout pour ne pas s’expliquer. Mais, Aulne, lui, veut des justifications. Pourquoi n’avait-elle pas le choix ? Pourquoi ne pouvait-elle pas ? Que ne pouvait-elle pas ? Aulne ne sait pas, et ça le tue. « Non, tu comprends pas, je raconte n'importe quoi, mais j'en peux plus.  » Quoi ? « J'en peux plus de te voir loin de moi, j'en peux plus de savoir que je t'ai blessé.  » Alors pourquoi l’avoir fait ? Pourquoi l’avoir remplacé ? « J'ai pas envie de perdre ton amitié, parce que t'es le meilleur ami dont on puisse rêver, et tu me fais voyager avec toi, tu me fais rire, tu crois en moi, et avec Agathe, c'est pas pareil, c'est une fille, et jamais personne ne te remplacera dans mon cœur et... Je suis tellement, tellement désolée.  »

Temps mort.

Aulne ferme les yeux, inspire, expire. Satisfaction numéro un : il est meilleur qu’Agathe. Satisfaction numéro deux : elle s’excuse. Déception : tout le reste. Ding, la déception l’emporte. Ses paupières s’ouvrent et son regard la transperce à nouveau. Une lueur mauvaise, insatisfaite, valse entre ses globes. « J'ai besoin de toi, Aulne. Tu me manques. Pardonne-moi.  » La demande – non, le commandement, l’ordre –, hérisse son poil. Le noble endormi refait surface. Mais ses larmes, sa détresse, l’euthanasient aussitôt. Il n’est pas cruel. Il n’est pas vindicatif. Il n’est pas rancunier… Mais il est blessé. Est-ce donc ce qu’il est ? Un meuble, un outil, qu’elle pouvait ranger, oublier, pour sortir des mois plus tard comme si de rien n’était ? Un animal, un chien, qui pardonne les fautes comme si de rien n’était ? Il avait accepté le rejet – il avait souffert, mais l’avait accepté, avait renoncé à l’aborder. Mais se tenir devant elle était bien différent que de maugréer dans son dos. Il tergiverse. Que dire ?

Il se gratte l’épaule, gêné, mais froid. Il se croise les bras. Le verdict est tombé.

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise, Gwen ? Tout va bien, tout est pardonné ? Hop, embarque dans le pickup, pas de problèmes, en route vers les Maldives ?  » Sa dernière phrase le fait se sentir con. Impossible de se rendre aux Maldives en pickup. « Quelle sorte d’amitié est-ce que c’est, lorsque l’un snobe l’autre pendant des mois ? Quelle sorte de confiance est-ce que c’est, lorsqu’on est même plus capable de se parler ? C’est cette amitié-là qui te manque ? Tu veux savoir la vérité ? Oui, tu m’as blessé.  » Understatement of the century. « Ça fait mal, tu sais, se faire rejeter. Ça fait mal se faire ignorer. T'as pas le monopole de la souffrance. Je suis peut-être un mec, mais mes sentiments, je les vis à fond - trop. Je peux pardonner – mais oublier ? Non. Ça s'oublit pas, ça s'efface pas. Il suffit pas de revenir, de crier zoboomafoo et, banzai !, tout redevient comme avant. » Il soupire. Il souffre de la voir souffrir. Point de faiblesse, Aulne, point de faiblesse. « Rien ne peut redevenir comme avant – ça, tu t’en ai assuré.  » La dernière pique est cruelle. Injustifiée. Gratuite. Aulne regrette déjà – mais, trop tard pour reculer.

« Pourquoi ? »

La question a l’intonation d’une supplique, de la bête qui agonise. Une lamentation. Aulne veut savoir; il en a assez d'être dans l'ombre, au coeur du brouillard.  
(c) AMIANTE
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Gwendoline Beauregard
Gwendoline Beauregard
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She wasn't exactly sure when it happened. Or even when it started. All she knew for sure was that right here and now, she was falling hard and she could only pray that he was feeling the same way. Gwendoline & Aulne


J'ai toujours su qu'Aulne se retrouvait bien vite désemparé devant les larmes et le malheur des autres. Son sourire tombe, ses yeux se plissent, je le vois hésiter. J'ai presque envie de rire. C'est absurde. Comment peut-on être malheureuse et heureuse en même temps? Comment est-ce que je peux savoir, au fond de mon cœur, dans mes tripes, que plus rien ne sera comme avant, et pourtant me réjouir de trouver des traces de ce passé commun sur son visage? Mon cerveau est en roue libre et ne trouve aucune cohérence, aucune rationalité aux émotions conflictuelles qui se livrent une guerre acharnée pour avoir le contrôle de mon corps. Je ne contrôle plus rien. Ni mes émotions, ni les mots qui se déversent de mes lèvres en un flot incompréhensible de paroles, ni les larmes qui ne semblent jamais vouloir arrêter de couler sur mes joues, peu importe à quel point je me dégoûte d'avoir l'air aussi faible. On dirait que je tente de l'amadouer avec mes larmes, mais il n'en est rien. Je suis brisée, fatiguée, épuisée, perdue. Faible. J'achève ma tirade sur des excuses, essoufflée, lessivée par ce roller coaster émotionnel sur lequel je suis depuis quelques minutes. J'essaye de me raccrocher à un point d'ancrage familier, l'océan de son regard vert, mais même ça, il me le refuse en fermant les paupières. Je perds complètement pied, je me noie. Et quand il rouvre les yeux et que je me prends de plein fouet les émotions qui y nagent, mon cœur explose en des milliards de morceaux coupants qui viennent se loger dans ma cage thoracique, m'empêchant de respirer. C'est pire que de se prendre un sort de Stupéfixion en plein ventre. Malgré tout, je continue sur ma lancée, j'achève ce que j'ai commencé, je finis mes suppliques. « J'ai besoin de toi, Aulne. Tu me manques. Pardonne-moi. »

Je vois dans son regard que ce n'est pas ce que j'aurais dû dire. Un ordre, un seul, même supplié, et j'ai vu une lueur d'orgueil scintiller dans ses prunelles. Le noble en lui refait surface, et ça me fait mal, parce que ça me rappelle à quel point on est différents, à quel point nos rangs creusent un fossé entre nous. Ça me rappelle que, même s'il partage mes sentiments, jamais on n'aura d'avenir ensemble, qu'il devra sûrement épouser une jeune fille de bonne famille et lui faire des enfants, et ça me tue. Il ne sera jamais à moi. Quand il croise les bras, je sais que tout est fini. Le couperet est tombé. Ça ne lui suffit pas, ça ne lui suffit plus. Même si je suis abattue, comment pourrais-je lui en vouloir? Je suis un monstre. Mais ce croisement de bras a une signification bien plus importante pour moi. Ces bras dans lesquels je me suis blottie quand j'étais au plus bas, ces bras qui m'ont soutenue, portée, sauvée de nombreuses gamelles, ces bras, il me les ferme, et la symbolique est claire. Il met de la distance entre nous, il refuse de me consoler. Pour une fois, je dois me débrouiller seule, sans lui. Je ne sais pas si j'en suis capable. Je croise les bras aussi, mes mains enfermant mes membres dans leur prise tremblante, futile tentative de protection contre... Mais contre quoi au juste? Contre qui? Lui? Moi? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je resserre ma prise, plantant mes ongles pourtant courts dans la chair, glissant imperceptiblement mes paumes le long de mes bras, tout pour me rassurer, me conforter. Je me supplie de tenir bon.

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise, Gwen ? Tout va bien, tout est pardonné ? Hop, embarque dans le pickup, pas de problèmes, en route vers les Maldives ? Quelle sorte d’amitié est-ce que c’est, lorsque l’un snobe l’autre pendant des mois ? Quelle sorte de confiance est-ce que c’est, lorsqu’on est même plus capable de se parler ? C’est cette amitié-là qui te manque ? Tu veux savoir la vérité ? Oui, tu m’as blessé. Ça fait mal, tu sais, se faire rejeter. Ça fait mal se faire ignorer. T'as pas le monopole de la souffrance. Je suis peut-être un mec, mais mes sentiments, je les vis à fond - trop. Je peux pardonner – mais oublier ? Non. Ça s'oublit pas, ça s'efface pas. Il suffit pas de revenir, de crier zoboomafoo et, banzai !, tout redevient comme avant. » Je secoue la tête, trop blessée par ses mots pour vouloir l'écouter plus longtemps. Je baisse la tête vers mes chaussures, mes cheveux tombant en cascade devant mon visage. Qu'il se taise, mais qu'il se taise. Chaque mot qu'il prononce est comme un nouveau coup de couteau dans ma poitrine. « Arrête, je t'en supplie, arrête. » Mon murmure sonne faux, plein de sanglots, comme la plainte d'un enfant à qui on reproche des fautes qu'il sait pourtant avoir commises. J'ai l'impression que mes larmes ne vont jamais arrêter de couler, que son flot de paroles ne va jamais s'endiguer.  Il laisse échapper un soupir qui finit de réduire mon cœur en miettes. J'avais peur de me faire de nouveau briser le cœur. Il faut croire que toutes ces précautions n'ont au final servi à rien. « Rien ne peut redevenir comme avant – ça, tu t’en ai assuré. » C'est le coup de grâce. Je suis secouée de sanglots, et je n'ai qu'une envie, c'est de me laisser glisser au sol en position fœtale, ou alors de m'enfuir loin, très loin de ses reproches, de mes regrets, de mes erreurs et de mes fautes qu'il me balance à la gueule. L'adage « il n'y a que la vérité qui blesse » est horriblement vrai. Tout ce qu'il fait miroiter, tout cet égoïsme, toutes ces horreurs, c'est moi qui les lui ai infligés. Et ça me tue. Ça me tue.

Ses yeux s'adoucissent, perdent de leur violence et de leur cruauté si inhabituelles et ne reflètent plus que la blessure profonde qu'il ressent. C'est presque pire, à vrai dire. Parce que cet air d'animal blessé qu'il a sur le visage, celui que je voudrais remplacer par son sublime sourire, c'est moi qui en suis à l'origine. « Pourquoi ? » Pourquoi? Pourquoi? Parce que je pourrais l'écouter parler de ses voyages pendant des heures. Parce que je ne souhaite rien de plus que de m'allonger à ses côtés et m'endormir dans ses bras. Parce que je suis capable de discerner n'importe laquelle de ses expressions, que je connais son numéro de portable par cœur et que je sais exactement quels tics de langage il a. Parce qu'il illumine ma journée par sa simple présence. Parce que son rire est un baume au cœur, et aussi contagieux que le virus ebola. Parce que rien ne me fait sourire plus que lui quand il parle de choses qui le passionnent et qu'il a ce petit éclat dans le regard qui le fait ressembler à un enfant surexcité le soir de Noël. Parce que je me noie dans ses yeux, et qu'au lieu de suffoquer, j'ai l'impression d'enfin respirer comme il faut. « Parce que je suis amoureuse de toi. » C'est aussi simple que ça. Un souffle, un murmure, porté par le vent, oublié dans les échos des couloirs. Entendu par lui, et par lui seul.
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Aulne Ombredame
Aulne Ombredame
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Surprise.

Choc, faiblesse.

Happé par une vanne. Percuté par un avion. Écrasé par un taureau. Aulne est stupéfait – pétrifié, déconcerté, abasourdi. Il pense avoir mal entendu. Il pense souffrir de mirages, d’épuisement, d’une imagination trop fertile – il pense être fou. Sa colère, son ressentiment, son amertume, sa tristesse; tous laissent place à un parfait ahurissement. Erreur du disque; le serveur plante. Il tente le redémarrage, la réinitialisation – il tente de sortir de son hébétude. Échec critique. Aulne est renversé, complètement muet, alors que ses bras tombent le long de son corps, abandonnant leur position fermée. L’étonnement est trop grand et l’effarement, trop puissant. En quelques secondes, il tente de traiter l’information, de la comptabiliser; il tente d’y attacher un sens, une signification.

Un nouvel échec, car la chose n’a vigoureusement aucun sens.  

Le murmure était effacé, à peine porté par un vent inexistant; pourtant, il a l’effet d’une tornade. L’effet d’une tempête déchaînée, l’effet d’un tsunami vorace – il balaie tout sur son passage. Ses opinions, ses idées, ses reproches, ses craintes, ses doutes – tous se volatilisent, feuilles éparses dispersées par l’Aquilée.  La lutte fratricide entre cerveau et cœur s’interrompt. Leur clameur cesse, dépassée. Des mots s’articulent, s’emboîtent, s’accouplent et accouchent d’une phrase, d’une interrogation intérieure : elle est amoureuse de lui ? Le concept le révolte. Le concept le déstabilise. Le concept le surprend, n’ayant jamais été envisagé, supputé, auparavant. Le concept renverse la vapeur, affaiblie ses remparts et fait osciller la pendule. Le mur craque. Ses émotions sont toujours là – mais à défaut d’être prédominantes, elles sont en sourdine, sous morphine, endiguées par un barrage fraichement coulé. Elle est amoureuse de lui ?

Un déclic. Un éclair de compréhension – soudain, tout devient clair. Pourquoi elle l’évitait, pourquoi elle le snobait, pourquoi elle le rejetait… Tout devient clair. Aulne a mal – terriblement mal; elle l’ignorait, elle s’éloignait… parce qu’elle n’avait pas confiance en lui. Marquée par son expérience passée, Gwendoline avait usé d’un amalgame douloureux, le mettant dans la même catégorie que l’autre. Elle l’aime – mais s’était refusé ses propres sentiments, s’était refusée la plus complète des franchises. Le mot échec revient dans la tête du sorcier. Quatre ans d’amitié sincère… Pour ne pas être capable de se confier l’un à l’autre ? Gâchis, gaspillage – les mots dévalent les pentes pour torturer son inconscient. Il l’entend pleurer. Il la voit pleurer. Au cœur de la tourmente, il ne se pose même pas la question essentielle : l’aime-t-il en retour ? Son cheminement logique est tout simplement trop centré sur elle pour l’aborder. Il l’entend pleurer. Il la voit pleurer. Et, à quelque part, il veut la consoler; mais comment ? Lui répondre que le sentiment est réciproque, l’embrasser, alors qu’il ignore ce qu’il en est vraiment ? Arrêter la conversation le plus rapidement possible, au risque de la heurter encore plus ? Aulne a besoin de temps – de temps pour réfléchir, de temps pour trier, de temps pour analyser, de temps pour digérer.

« Je… »

Sa déclaration demeure en suspense – immobile, rigide. Le silence s’éternise quelques secondes. Il la sait trop émotive pour réellement discuter; il se sait trop déconcerté pour réellement discuter. Leur dialogue est celui de sourds, trop enfoncés dans leurs propres difficultés pour ouvrir les yeux, lever le voile, et apercevoir la pièce dans son ensemble. Il amasse son courage; mais, dès que la tonalité de ses pleurs atteint son pavillon, celui-ci s’envole en morceaux. Il amasse sa clémence; mais dès que le souvenir des derniers mois lui reviennent à l’esprit, celle-ci s’envole en morceaux. Coincé entre deux extrêmes, dans une dichotomie imprévue, Aulne est piégé. Damned if you don’t, damned if you do.

Soudain, être faible lui semble tentant. Soudain, la dureté et la fierté lui semblent déplacées. Soudain, une pincée de tendresse creuse son chemin jusqu’à sa volonté. Soudain, il se souvient que, malgré tout, Gwen demeure sa meilleure amie – le genre de lien ne pouvant être fractionné, anéanti, sans que ses vestiges demeurent vivaces. Le noble, le fils de duchesse, étend son bras d’un mouvement fluide, spontané. Sa main droite, sans même qu’il ne se rende compte de sa propre action, caresse la joue de son interlocutrice, remontant délicatement sa tête pour que leurs regards se croisent, se connectent. Dans le sien, il lit peine, tourmente, abandon – fatigue. Dans le sien, elle peut lire peine, tourmente, abandon – en plus de  compassion, douceur. Un maigre sourire se dessine sur ses lèvres – non pas un sourire déplacé, outrancier, vulgaire au centre d’une telle scène; un sourire bon, tendre, qui crie désespérément du calme, tout ira bien, tout ira mieux. Son sourire est rassurant; son sourire est chaleur, compréhensif. Tendre. Celui d’un ami blessé – celui d’un camarade trahi, qui, malgré tout, ne peut la laisser en pleine détresse, seule dans la tempête. Celui d'un homme incapable d'infliger souffrance inutile.  

Le calme, aussi relatif soit-il, s’allonge à nouveau. Sa paume, elle, demeure au même endroit, ancre offerte à un navire à la dérive.

Il inspire. Il expire. Il se sait complètement calmé; il se sait serein, en contrôle. Exit, la panique. Exit, l’inconnu. « Après tout ce temps, te voir pleurer me frustre, m’enrage encore tellement » La déclaration est courte et véridique. Il est calmé, mais toujours furieux – furieux d’être à l’origine de la présente situation, furieux de n’avoir rien vu venir, furieux d’avoir été trop pleutre pour la confronter plus tôt. « J’ai été lâche, Gwen – tellement lâche. Je pensais que tu me détestais; j’avais peur de la vérité, peur de vraiment te parler. Je t’approchais dans les corridors, sans vraiment le faire; j’ai été, à quelque part, ton complice. Mais… » Il secoue sa tête, un peu découragé. Lui-même ignore où il s’en allait avec une telle tirade. Il pause, puis reprend : « Tu seras toujours ma Gwen – même si tu as pensé que j’étais comme lui, même si tu as pensé que notre amitié n’était pas assez forte pour endurer. »

Il s’est vidé, sans pour autant vider son sac; les récriminations, les réflexions, lui semblent être pour un autre jour. Mieux valait faire la paix, cesser les hostilités – parce qu’au final, c’était ce qu’il voulait : retrouver sa meilleure amie.

« Mais… Je vais avoir besoin de temps, Gwen, pour réfléchir. Pour macérer. »

Pas sûr-sûr que macérer était le mot le plus approprié.

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Gwendoline Beauregard
Gwendoline Beauregard
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She wasn't exactly sure when it happened. Or even when it started. All she knew for sure was that right here and now, she was falling hard and she could only pray that he was feeling the same way. Gwendoline & Aulne


Ma déclaration a fait l'effet d'une bombe. Pas que ça m'étonne outre mesure. Il n'a rien vu venir. Comment aurait-il pu? Je l'ai fui dès que je me suis rendu compte que je ne ressentais plus seulement de l'amitié pour lui. Je n'aurais pas dû, très certainement. Mais je ne pouvais pas affronter mes sentiments. Je ne pouvais pas risquer de sacrifier notre amitié. C'est ironique, n'est-ce pas? Je l'ai encore plus sacrifiée maintenant que si je lui avais dit la vérité en début d'année scolaire. Il aurait compris. C'est Aulne, merde. Aulne. Il ne m'aurait jamais fait de mal. Au fond de moi, je le sais. Alors pourquoi avoir fait ça? Pourquoi avoir tout foutu en l'air si, au final, tout ce qui se passe aujourd'hui aurait pu se passer il y a des mois, sans accrocs, sans dégâts? Je me maudis, je me hais. Tout est de ma faute. Je le sens qui m'observe, qui me scrute, qui me questionne du regard, mais je refuse obstinément de lever les yeux. J'ai vu par-dessous mes cils ses bras tomber de nouveau à ses côtés, expression du plus pur ébahissement. Je pense qu'on aurait bien besoin d'une chaise tous les deux, mais je suis trop lessivée pour formuler un simple sort. Je n'ai plus la force. Je n'ai plus de forces tout court, en fait. Je suis à bout. Je voudrais effacer tout ce qui s'est passé, depuis septembre, tout effacer ou revenir en arrière, je ne sais pas. Je sais juste que j'ai tellement de choses à me faire pardonner. Il y a tellement de choses que j'aimerais changer, réparer, modifier. Si c'était à refaire... Je changerais tout. Tout pour ne plus avoir à affronter cette peine immense qui nage dans ses yeux, tout pour ne plus avoir à subir cette distance imposée entre nos deux corps.

Son silence me tue. Qu'est-ce qui passe par sa tête en ce moment même? Qu'est-ce qui se cache derrière ces yeux verts que je connais si bien? Est-ce qu'il pense à moi, à lui, à nous? Aux mois que j'ai passés à mentir, à éviter le problème, à le mettre dans la même case que mon ex? Aux excuses qu'il va pouvoir me servir pour ne plus jamais avoir à me reparler? Je suis prête à entendre n'importe quoi, tant qu'il brise ce silence suffocant. « Je… » Tu? Tu quoi, Aulne? Qu'est-ce que tu veux me dire, à la fin? Mes larmes semblent intarissables. Je veux qu'elles s'arrêtent de couler, qu'il arrête de me regarder, que j'arrête de sangloter et de suffoquer comme un bébé, que tout s'arrête. Je suis épuisée, à bout. Je n'ai pas le temps, pas l'énergie, pas la force d'attendre qu'il se décide à formuler une réponse. J'aurais dû fuir depuis longtemps, et c'est ce que je m'apprête à faire, quand je sens sa main se poser sur ma joue baignée de larmes. Je me fige. Ses doigts caressent ma peau, relèvent ma tête. Mes yeux rencontrent les siens, blessés, tendres, compatissants, qui me hurlent de tenir bon, de me calmer. Il ne sait pas que ça me tue encore plus, même si je suis trop sonnée par ce contact soudain pour faire quoi que ce soit. Mes larmes et mes sanglots se sont stoppés net. Il est tout aussi blessé et brisé que moi, si ce n'est plus, mais il cherche quand même à me consoler, à me réconforter. C'est un réflexe pour lui. La preuve qu'il tient toujours à moi malgré toutes les crasses que je lui ai fait subir. Je suis un monstre. C'est un ange. Mon cœur fond, mon cœur se brise, mes jambes ne me soutiennent plus, pourtant je reste debout, soutenue par son regard affectueux. J'appuie ma tête quelques secondes contre sa paume, les yeux fermés, laissant le silence m'envelopper.

« Après tout ce temps, te voir pleurer me frustre, m’enrage encore tellement… J’ai été lâche, Gwen – tellement lâche. Je pensais que tu me détestais; j’avais peur de la vérité, peur de vraiment te parler. Je t’approchais dans les corridors, sans vraiment le faire; j’ai été, à quelque part, ton complice. Mais… » Je rouvre les yeux, les plante dans les siens, curieuse, avide, attentive. Mon visage se tord en une grimace de peine et de douleur à cause de ce qu'il dit, de ce qu'il exprime. Il se sent coupable, d'un certaine manière. Il ne l'est pas, pas le moins du monde. La seule faute qu'il a commise, c'est d'être assez imparfaitement parfait pour que je tombe amoureuse de lui. Ce n'est pas de sa faute. Rien n'est de sa faute. Il fait une pause, j'ouvre la bouche pour protester sur ce qu'il vient de dire, mais il continue. « Tu seras toujours ma Gwen – même si tu as pensé que j’étais comme lui, même si tu as pensé que notre amitié n’était pas assez forte pour endurer. » Nouvelle grimace. Ces mots atteignent leur but violemment. J'ai pensé qu'il était comme mon ex, comme ce connard qui m'a brisé le cœur. C'est pour lui la preuve ultime de mon manque de confiance en lui. Ce qu'il ne comprend pas, c'est que je ne manquais pas de confiance en lui. Je manquais de confiance en moi. C'était un mécanisme de défense à la con, je le conçois, je le sais, je le regrette. Ça ne change rien au fait que, même si je lui avais avoué mes sentiments en septembre, ça aurait tout changé entre nous. N'importe quelle amitié, même la plus forte, est bouleversée quand l'un des deux tombe amoureux. Je ne voulais pas qu'on ait à faire comme si tout allait bien, comme si on n'était toujours que des meilleurs amis, alors qu'il savait que, de mon côté, ce n'était pas le cas. Mais ce qui est fait est fait. Aucun retour en arrière n'est possible.

« Mais… Je vais avoir besoin de temps, Gwen, pour réfléchir. Pour macérer. » Je ne peux pas m'empêcher de laisser échapper un rire à l'entente de ce dernier mot. C'est un rire mouillé, encore plein de larmes et de sanglots, mais un rire qui laisse entrevoir une possible réconciliation. Mon cœur se gonfle d'espoir. « Je sais. Je m'en doute. » J'essuye mes yeux et mes joues de ma manche. Heureusement que je ne suis pas maquillée, sinon je ressemblerais très probablement à un panda, à l'heure actuelle. « Rien n'est de ta faute, tu sais. Je suis la seule coupable, » je murmure. Quand je le regarde, je sais que quelque chose s'est brisé, irrémédiablement. Quelque chose qu'on ne pourra jamais réparer. Quelque chose qui se glissera toujours entre nous sans qu'on ne puisse le chasser, le tuer, le surmonter. Notre amitié sera imparfaite, notre amour encore plus. Il faudra nous reconstruire. Mais je suis prête à y consacrer chacune des secondes qui me restent à vivre. Je sais que je devrais faire demi tour, partir, le laisser seul. Après tout, on n'a plus rien à se dire, n'est-ce pas? Il m'a dit qu'il avait besoin de temps. Besoin d'air. Besoin  de penser. Je lui ai dit tout ce que j'avais sur le cœur. Mais pas lui, visiblement. Je le vois, je le sens. Je sais qu'il a du mal à accepter l'ampleur de ma trahison. Je le lis dans ses yeux, et ça me tue. N'y tenant plus, je me jette dans ses bras et l'enveloppe dans un câlin. « Tu m'as manqué. Je suis désolée. Vraiment. Ce que je t'ai fait subir... C'est horrible. Je m'en veux, si tu savais. Je sais que je ne suis pas pardonnée, je ne le serai probablement jamais, et je peux pas t'en vouloir pour ça. Je t'en veux pas. » J'enfouis mon visage dans son torse pour me cacher, pour fuir le monde extérieur. Ses bras m'avaient terriblement manqués.
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